Entrance of the National History Museum in London, huge whale skeleton suspended above the floor

Ou l’art de se compliquer la vie

Je compte me servir de cet article pour expliquer les bases et le raisonnement de ma façon particulière de prendre des “photos”. Il pourra éclairer le lecteur sur les différences de rendu de mes photos et aussi pourquoi mes tests d’objectifs seront différents de ceux généralement disponibles sur le net.

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En effet, je ne prends aujourd’hui plus de photos au sens propre du terme, à part dans des cas spécifiques comme en macrophotographie. À la place, je tourne en fait des clips vidéos très courts (de moins d’une seconde) que je retouche en post-production sur DaVinci Resolve, puis que j’exporte en tant qu’image simple. Le logiciel possède d’ailleurs une fonction très pratique: le “Grab still”, disponible par clic droit sur la visionneuse du mode “Color”, permettant l’export en format .jpeg ou .png non compressé d’une image à la résolution de la Timeline.

Mais pourquoi se compliquer la vie à ce point, pourquoi ne pas travailler en .jpeg directement ou en RAW?

Plusieurs problèmes se sont développés au fur et à mesure de ma pratique de la photographie et de la vidéo, notamment sur la nécessité d’avoir deux workflows complètement différents.

Si Lightroom ou Capture One sont très complets, ils sont loin d’égaler la puissance de gestion des couleurs et des contrastes d’un logiciel d’étalonnage professionnel comme Davinci Resolve. Cela m’a gêné dans ma pratique, soit par le manque de contrôle, soit en me faisant ressentir que je gaspillais mon temps à apprendre des techniques sur des logiciels qui ne me serviraient pas professionnellement.

Je me suis donc demandé s’il était possible que je retouche directement les photos sur DaVinci Resolve. Avec quelques astuces (dont notamment la fonction Grab Still), il est étonnamment possible de le faire. Si le système est un peu bancal, il permet néanmoins de disposer de tous les outils de Resolve et que je puisse pratiquer même en photo les mêmes techniques d’étalonnage qu’en vidéo.

Il en résulte cependant un autre problème : quel format choisir ? Le .jpeg est pratique car supporté nativement par Resolve. L’import de photo est donc rapide et facile. Cependant, la dynamique des fichiers est relativement faible, tandis que l’espace de couleur et le gamma sont totalement différents de ceux que j’utilise en vidéo. Même en modifiant ceux-ci pour qu’ils soient identiques au mode Slog2 vidéo, le résultat est loin d’être identique. Sur les appareils Sony et mon a7r2, passer le boîtier des modes photos en mode vidéo change énormément le rendu des images, même si les réglages sont identiques.

L’alternative serait d’enregistrer en RAW, mais c’est cette fois-ci le format propriétaire RAW de Sony qui coince. L’ARW n’est en effet pas nativement importable sur Resolve, et nécessite une conversion en .dng ou .tiff en premier abord (tutoriel ici). Même si la dynamique et la flexibilité des fichiers est inégalable, devoir passer par un autre logiciel de conversion avant chaque import s’est révélé trop lourd pour des photos quotidiennes.

Si aucun des formats photo n’était convenable, pourquoi ne pas utiliser le mode vidéo directement ?

Le mode slog2 de l’appareil, qui même s’il nécessite automatiquement un étalonnage, permet de conserver une dynamique très large, proche des fichiers RAW originaux et loin devant les Jpeg. Même si je ne tourne pas et que je ne fais que de la photo, je peux continuer de travailler, expérimenter et parfaire mes techniques d’étalonnage, en sachant qu’elles seront 100 % compatibles sur tous mes projets vidéos.

Dog sitting in a sunny garden waiting for its ball

Un autre avantage est la retouche de bruit temporelle de Resolve. Comparable à la combinaison d’expositions souvent utilisée en astrophotographie pour réduire le bruit, elle utilise les images précédentes et suivantes de la vidéo pour affiner le grain, sans perte de détail importante. Il est possible de pousser les iso à 3200 tout en gardant un résultat très propre.

Par contre, un aspect négatif est la flexibilité relativement faible des fichiers 8bit vidéo et du slog2. En effet, il n’est pas possible de remonter les ombres de quelques stops comme en RAW ou Jpeg pour en faire ressortir les détails, le bruit et les artefacts de compressions seraient bien trop présents. Mais c’est aussi un moyen de connaître parfaitement les limites du format et du boîtier. De ne pas développer des techniques de retouches trop extrêmes en photo qui ne seraient plus applicables en vidéo.

Une autre limitation (surtout dans la version gratuite de Resolve), est la résolution des fichiers exportés. Si Resolve peut importer n’importe quelle résolution (dont les jpegs ou RAW de 42mpx de l’a7r2), permettant de cropper ou recadrer sans perte de détail, le fichier final sera à la résolution de la timeline. Si dans la version professionnelle cette résolution n’est pas limitée, il faudra une carte graphique costaude pour travailler les fichiers en 8k ou plus.

Dans mon cas, je suis limité aux dimensions du fichier vidéo, c’est à dire de la 4K (3840×2460 en 16:9, équivalent à 10mpx). N’ayant pas besoin d’imprimer les photos ou de les diffuser ailleurs que sur le net, ce n’est pas un aspect qui me gêne. Dans mes tests d’objectifs par exemple, la netteté ne sera donc pas un critère aussi important que pour d’autres, car la plupart des objectifs vintage sont suffisamment nets pour de la 4K, alors qu’ils paraîtraient bien plus faibles sur 42mpx.

Voilà donc les raisons pour lesquelles je travaille toujours en vidéo pour la photographie. Ce n’est certainement pas la meilleure méthode mais c’est celle qui me conviens le plus.

Le seul domaine où je suis obligé de travailler en .jpeg reste la macrophotographie, car j’utilise souvent un flash. La dynamique faible y est rarement un problème, surtout avec l’aide d’un diffuseur pour déboucher les ombres.

Dung beetle standing on a leaf intrigued by the camera
Le besoin d’utiliser un flash, pour aider à figer le mouvement des insectes même à des vitesses d’obturation basse ainsi que l’apport en lumière nécessaire dû à l’utilisation d’un téléconvertisseur et d’un travail à des ouvertures comme F8 et F11 rends la macrophotographie peu appropriée au mode vidéo

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