Test of the Construction DIY d'un éclairage type Kino-Flo /DIY Kino Flo with 4 tubes lit

Ce premier post de ce blog se portera sur la création DIY d’un projecteur pour une utilisation sur tournage.

Pourquoi construire mon propre projecteur?

Comme beaucoup de vidéastes débutants j’ai vite été confronté à la difficulté d’obtenir un éclairage correct sans moyens. Même s’il est possible de jouer avec la lumière naturelle jusqu’à un certain point, rien ne remplace un projecteur comme source fiable et constante de lumière.

Certains utilisent des ampoules du commerce, d’autres des projecteurs de chantier, et même s’il est possible d’obtenir une puissance convenable; j’ai vite ressenti de nombreuses limitations à ces approches:

Comme toujours, une liste de tous les autres articles de ce blog est disponible ICI.

  • Si l’on travaille avec des LEDs, l’IRC (indice de rendu des couleurs sur une échelle de 100, permettant de juger de la qualité de la lumière émise par une source) est souvent bas ou insuffisant. Les bulbes LEDs ou fluocompacts pour particuliers ont des valeurs d’IRC faibles pouvant provoquer des teintes verdâtres ou violettes à l’image. Un IRC d’au moins 95 est recommandé, mais les ampoules de cette qualité sont onéreuses.
  • Si l’on fait le choix d’utiliser des ampoules à filament ou halogène, l’IRC est très bon mais la température de couleur est de 3200K ou moins, pouvant causer des problèmes d’homogénéité de l’éclairage si de la lumière naturelle (5600K) est aussi présente.
  • Utiliser des ampoules ou un projecteur de chantier implique un faisceau large de lumière qui est difficile à contrôler.

La location de matériel n’est pas non plus une option, travaillant en ce moment sur des projets de documentaires impliquant des temps de tournage longs et décousus, rendant la location de matériel bien trop chère et peu pratique.

Il ne me restait donc qu’à prendre les choses en main et créer un éclairage répondant à mes besoins. Avant de décider de faire un projecteur type Kino-flo, je me suis penché sur la possibilité de faire un projecteur Led, et même si les projets de ce type sont très nombreux sur Internet, j’ai été confronté au même problème que pour les ampoules, des LEDs de bonne qualité sont chères, et le faisceau large qu’elles créent n’est pas pratique.

Faire un projecteur HMI était possible en utilisant des ballasts destinés aux lampes horticoles, et des ampoules HMI à l’IRC élevé relativement peu chères existent. Il s’agit cependant d’une source ponctuelle qui créée une lumière dure et directe, et demande donc une forme de diffusion. La construction d’un reflécteur adapté aurait été aussi laborieuse.

J’ai donc choisi de faire un projecteur avec tubes fluorescents. On en trouve à IRC très élevé (>98) pour 7€ le tube de 120cm sur le net. Ils ont aussi l’avantage de pouvoir être choisis soit en 3200K, soit en 5300K, apportant de la flexibilité à l’éclairage.

Mon cahier des charges était donc:

  • un éclairage peu onéreux
  • une température de couleur de 5600K ou proche
  • un IRC élevé
  • une compabilité avec les pieds d’éclairages standard au cinéma (type pied de mille)
  • la possibilité d’étendre la moitié des tubes pour diviser l’intensité lumineuse par deux (il est possible de faire un système contrôlant indépendamment chaque tube mais le surcoût ne valait entrainé ne le justifiait pas de le faire)
  • un éclairage silencieux et sans flickering
  • un coffrage et des volets permettant de contrôler la lumière
  • un assemblage costaud ne risquant pas de se casser sur un tournage ou dans les transports

La construction:

J’ai choisi d’utiliser du bois comme matériau de base. Disponible en plaques et tasseaux, il est facile à travailler et peu cher. Les tubes ont normalement besoin d’un starter et d’un ballast, mais il existe aujourd’hui des ballasts électroniques remplaçant les ballasts magnétiques d’avant. Ils n’ont plus besoin de starter, ne provoquent pas de flickering et de scintillement (normalement même à haute fréquence d’image car le ballast travaille en 20000Hz) et ne produisent pas de bruit audible (pas comme le grésillement des ballasts magnétiques).

J’ai choisi d’utiliser deux ballasts Phillips HF-P performer HF-P 218/236 TL-D III 220-240V 50/60 Hz. Ils contrôlent chacun 2 tubes de 36W. On les trouve pour 16€ pièce sur le net.

Le ballast en question. Il peut autant accomoder deux tubes de 18W que de 36W

La coque à été réalisée avec des plaques de bois de 5mm d’épaisseur (3mm aurait surement été suffisant mais je n’avais que du 5mm de disponible) renforcées par des tasseaux triangulaires apportant soutien et intégrité à l’ensemble mesurant 120cm de long.

Les tasseaux triangulaires ont permis de former un angle de 45° et ainsi créer les bords du réflecteur

Toutes les pièces ont été collées avec de la colle à bois et vissées entre elles pour un maximum de solidité.

Vue de la section du projecteur. Le gros tasseau central permet de surélever les tubes par rapport au réflecteur mais aussi de fixer les flancs solidement.
Les tasseaux vus au dessus et les marquages des emplacements des supports. Les tubes sont espacés de 7cms chacuns pour 21cms de large au total. Ces supports de tubes ont été trouvés sur eBay pour 1,5€ la paire.
Fixation des flancs. J’ai rajouté des équerres en bois solidement vissées pour être sûr que ces zones de hautes contraintes ne s’arrachent pas. Le trou en haut permettra le passage d’une barre d’acier raidissant l’ensemble et permettant sa fixation sur des pieds de cinéma
Le coffrage assemblé et sec
L’arrière après soudure du tube d’acier de support. Les 4 fers à béton aux extrémités servent de raidisseurs et empêchent le coffrage de se voiler. La tige centrale permet de fixer le projecteur sur une rotule standard de cinéma.
Gros plan sur la fixation du tube. J’ai ouvert 2 gorges de chaque côté en faisant en sorte que le bois soit pincé par les lamelles d’aluminium et qu’il n’y ait aucun jeu. De cette façon, le tube est arrêté en translation. J’ai renforcé le medium en ajoutant une autre épaisseur de bois pour être sûr qu’il ne soit pas arraché par le poids du projecteur. J’ai ensuite vissé l’ensemble pour bien le maintenir.

La construction des volets m’a demandé pas mal de réflexion. J’ai longuement hésité sur la réalisation de charnières et sur les matériaux à utiliser. J’ai finalement choisi la simplicité en tressant des brins de fil de fer. Ce n’est pas le système le plus joli ni le plus durable mais est largement le moins cher. Il a aussi l’avantage d’être facile à changer s’il ne fonctionne plus. 

Les bords des volets et la zone où les charnières sont attachées au coffrage ont été renforcées avec une plaque d’aluminium. Les chocs n’endommageront donc pas le bois directement. Les panneaux fermés permettent aussi de protéger l’intérieur lors des transports
Gros plan des charnières. La petite vis tout en haut permet d’empêcher la tresse de tourner autour de la vis principale. La tresse est solidement compressée contre les plaques d’aluminium grâce aux rondelles.

Une fois le coffrage réalisé, je me suis occupé des branchages électriques. Le plus important était de ne pas se tromper dans le branchement des tubes mais il n’y avait rien de bien compliqué. Ces ballasts ont l’avantage d’avoir le schéma électrique imprimé sur le dos. 

J’ai laissé 3 mètres de cable entre les ballasts et l’interrupteur pour qu’il ne soit jamais inaccessible. En effet, si le projecteur est 3mètres en l’air, je peux toujours contrôler l’allumage sans avoir besoin de le descendre ou de le déranger. 

Ayant décidé de contrôler les tubes 2 par 2, j’ai donc du utiliser un interrupteur double. Le problème de cet interrupteur était qu’il n’avait pas de fixation pour attacher le fil et éviter qu’il soit arraché si accroché. J’ai bidouillé ma propre installation pour pincer les cables d’alimentation
Premier test d’allumage d’un des deux ballasts. Un ballast contrôle les tubes 1 et 3 et l’autre 2 et 4, de cette façon la qualité de la lumière ne change pas trop si un seul est allumé. On remarque déjà la douceur de la source
Vue arrière du projecteur monté sur pied de mille et rotule. Les deux ballasts sont aux opposés pour faciliter les connexions et garder certains cables au plus court possible pour un fonctionnement optimal des tubes. Les 4 fers à béton permettent aussi de protéger l’électronique derrière. Je rajouterai surement du gaffeur noir pour cacher et protéger tout les contacts afin d’éviter tout danger
La surface de réflection à été réalisée avec un rouleau adhésif plastifié effet mural pour applique murale. Je souhaitais à la base utiliser une couverture de survie collée et marouflée mais je n’en avais pas de disponible. L’intérieur des volets à été bombés en noir et il me reste les touches finales à opérer autour du revêtement argenté. Le réflecteur comme celui-ci devrait permettre un gain de puissance entre 25 et 50%.
Les cables d’alimentation ont été pincés contre le boitier pour éviter tout arrachement des contacts si jamais le cable est tiré. Ici c’est une vis avec rondelle qui vient compresser le cable dans un creux

Les tubes utilisés sont des Philips Graphica TL-D 90 comme vu ci-dessous, ils possèdent un IRC très élevé de 98 et une température de couleur de 5300K. Ils produisent environ 1800lm à 1m pour 36W. Il est possible d’acheter des tubes de la même gamme et au même IRC mais à 3200K, utile pour des scènes d’intérieur ou en conjonction de projecteurs tungstène.

Le résultat?

Cela marche bien mieux que ce que je pensais au départ. Reste à voir dans le temps et après quelques tournages dans quel état le projecteur sera mais j’ai confiance en sa solidité. La lumière même sans modificateur est très douce et agréable. Même si les tubes sont à 5300K, une balance des blancs en caméra à 5600K permet de réchauffer légèrement les teints et est à mon avis bénéfique à l’image.

Le coût total en matériel s’élève à un peu plus de 120€, et les tubes même si fragiles sont remplaçables pour moins de 30€ les 4, pas mal surtout en considérant le prix d’un Kino-flo! Le projecteur permet d’obtenir 1800lm*4 à 1m, en comptant les gains du réflecteur on obtient environ 10 800lm, largement suffisant dans la plupart des situations.

Bien sûr, le modèle professionnel kino-flo possède plusieurs avantages, il est moins massif (j’aurai pu faire un coffrage moins massif et réduire l’empreinte, surtout au niveau des bords du réflecteur) et pèse moins (l’ensemble Kino-flo plus ballast pèse 7,2kg, contre 8,5kg ici avec ballast intégré)

Dès que j’aurai eu l’occasion de le tester plus en profondeur je n’hésiterai pas à poster des images créées avec! Je rajouterai sûrement une diffusion au bout des volets pour adoucir encore plus la lumière. 

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